Validation des orientations 2012 du Collectif
Les orientations suivantes ont été validées par la réunion du Collectif du 14 janvier 2012
On observe aujourd’hui la montée d’un mécontentement des associations face à la dégradation de leur situation. Beaucoup d’associations et de militants sont prêts à s’engager pour exprimer leur découragement, leur détresse ou leur colère. De plus en plus elles font le lien avec l’aggravation de la crise. Mais cette envie de mobilisation se heurte à différents obstacles. L’un des principaux tient aux associations elles-mêmes. Beaucoup sont en difficulté et consacrent toute leur énergie à survivre, même au prix d’une instrumentalisation. La plupart manquent d’une explicitation claire des causes de leurs difficultés et ne sont pas conscientes de la gravité de la situation. Certaines sont prêtes à agir mais ne savent pas comment faire. Comment faire prendre conscience aux associations que d’autres voies sont possibles, qu’il est possible de travailler, chacun à sa place et tous ensemble, pour construire des alternatives ?
Le collectif des Associations Citoyennes regroupe des associations qui n’acceptent pas la fatalité, des citoyens et citoyennes qui contribuent, par leur action, à construire une société plus juste, solidaire et équitable. Il a élaboré des propositions pour une véritable politique associative. Ces propositions doivent encore être approfondies, de même que l’analyse de la situation des associations.
Mais quelle que soit leur pertinence, ces propositions n’ont de chances d’aboutir que si elles sont appuyées par une mobilisation forte des associations.
Que peut faire le collectif des associations citoyennes pour rendre visibles dans l’opinion les difficultés et le rôle de ces associations citoyennes ? Quelle mobilisation est nécessaire pour amener le prochain gouvernement à adopter une véritable politique en faveur des associations, renforçant leur contribution à la construction de la société, à l’opposé des destructions actuelles ?
Propositions
1. Poursuite du travail d’analyse et de propositions
Plusieurs questions doivent être approfondies afin de préciser les propositions formulées, notamment :
– comment renforcer le rôle des associations en matière de participation citoyenne, de démocratie participative et d’éducation à la citoyenneté ?
– comment développer des relations partenariales entre associations et collectivités, face aux enjeux communs de survie ou de développement des territoires, en particulier dans le contexte d’une crise et d’un désengagement de l’État qui s’aggravent ?
– quelle réglementation des subventions pour sécuriser les actions associatives au service de l’intérêt général, en tenant compte de l’évolution des règlements européens, redonner leur place aux actions ne relevant pas du régime européen des aides aux entreprises ? Quelle définition de l’intérêt général, avec quels critères pour les associations et pour l’économie solidaire ?
– comment analyser la diversité des situations associatives, les difficultés rencontrées, les remises en cause qui résultent de l’application des politiques publiques, les solutions qu’ont pu trouver certaines associations pour réaliser leur projet associatif ?
Des groupes de travail se mettent en place ou travaillent déjà autour de ces questions.
2. Etudier, approfondir les convergences politiques avec les autres réseaux et coordinations associatives – élaborer des partenariats
En cette période d’élections présidentielle et législatives, de très nombreux réseaux et coordinations associatives (CPCA, Fonda, CNAJEP, Appel Des Appels, UNADEL…) prennent des initiatives et portent des actions de débats et des opérations d’interpellation des candidats. Face à cette multiplicité, il parait essentiel pour le Collectif de :
– Continuer à clarifier ses positions. Le collectif est formé d’associations citoyennes impliquées dans les enjeux de société, il n’a pas pour vocation de défendre de façon corporatiste l’ensemble des associations,
– Etudier les propositions des uns et des autres,
– Coopérer avec les initiatives convergentes afin de créer un effet de masse, créée des rapports de force. En effet, le collectif n’a vocation ni à coordonner les initiatives, ni à les représenter, mais à agir avec celles qui défendent les mêmes principes de résistance à la marchandisation et de construction d’une société solidaire. Ces critiques et propositions convergent d’ailleurs en effet fortement avec celles formulées pour la défense du service public, une nouvelle étape de la décentralisation, la restauration des libertés publiques, une réelle économie solidaire, etc…
Ces actions communes peuvent prendre la forme de participations croisées (interventions croisées avec le collectif Associations en danger) de participation à des manifestations (journées du SEP, États Généraux de l’économie sociale solidaire, printemps de la démocratie de la Ville de Paris, Libérons les élections, etc…), de manifestations communes (par exemple, un communiqué commun est en préparation avec l’Appel des appels) ou encore de formations communes (comme avec RECIT)
le collectif s’organise pour répondre progressivement aux sollicitations des autres réseaux et d’agir ensemble pour faire progresser dans l’opinion et au niveau des associations la conscience des dangers de la situation actuelle et la possibilité d’agir autrement. Ces avancées sont également essentielles pour rendre crédible aux yeux des associations la mobilisation locale.
3. Défendre le rôle d’alerte et de contrôle des associations
Les associations sont aussi menacées par l’évolution de la réglementation concernant leur représentativité. Ces dispositifs remettent violemment en cause le rôle de contrôle et d’alerte des associations. Par exemple : le décret du 12 juillet 2011 fixe les nouveaux critères de représentativité des associations pour prendre part au débat sur l’environnement qui se déroule dans le cadre des instances consultatives, avec des critères quantitatifs discriminatoires (nombre d’adhérents couverture géographique)
Cette remise en cause constitue une grave menace pour les libertés. Le Collectif envisage de recenser les textes réglementaires qui remettent en cause le travail d’alerte et de contrôle des associations, afin agir pour les faire abroger et formuler des contre-propositions.
4. Organisation d’une campagne de mobilisation
L’objectif proposé est de parvenir à une mobilisation visible et forcément dérangeante pour le nouveau gouvernement en juin prochain sur la base des propositions envoyées aux candidats, relayées localement auprès des candidats aux législatives chaque fois que cela sera possible.
On pourrait viser un premier temps de mobilisation en avril[1], en essayant de concentrer un maximum d’actions associatives même ponctuelles sur une période donnée, par exemple une semaine, afin de les rendre médiatiquement visibles. Il n’est pas nécessaire de mobiliser toutes les associations mais un nombre suffisant d’entre elles. Beaucoup d’associations trouvent la force d’agir quand elles s’intègrent dans un mouvement d’ensemble. Les formes diverses que peuvent prendre ces actions de mobilisation, selon les situations locales et selon le rapport de forces, ont fait l’objet d’un premier inventaire lors d’une précédente réunion du collectif.
Au vu des résultats de cette première mobilisation, on pourrait décider d’un second temps de mobilisation en septembre, au moment où le nouveau gouvernement commencera et sera réellement opérationnel.
Cette démarche devrait se concrétiser par un nouvel appel, élaboré par le comité de pilotage élargi aux volontaires, appelant les associations et les citoyens à se mobiliser localement et à soutenir les propositions du collectif.
5. Création d’un dispositif de mutualisation et d’appui aux actions locales
Le collectif est sollicité pour apporter un appui aux associations qui ne sont pas déjà regroupées dans des grands ensembles régionaux. Des responsables associatifs veulent agir, et souhaitent pour cela savoir comment font les autres, disposer en termes simples d’analyses et d’explications. Ils ont besoin d’être sécurisés dans leurs démarches par la connaissance des méthodes et la crédibilité des propositions. Pour ce faire, le collectif doit contribuer à faire circuler l’information, mutualiser les expériences et les méthodes, développer des formations.
Travail d’information.
Le collectif a mis en place à travers la lettre d’information une information régulière des 5000 associations et personnes avec lesquelles il est en lien.
Il est nécessaire de renforcer les capacités de communication du collectif, notamment pour faire connaître les actions menées, rendre visibles les positions prises dans la presse.
Cependant, les messages du Collectif peuvent être parfois incompréhensibles pour les associations de terrain. Le Collectif doit par conséquent élaborer des messages beaucoup plus simples et percutants. Cependant, à ne travailler que sur des slogans, il y aurait un risque d’appauvrissement des idées. Le Collectif devra donc élaborer des outils de communication adaptés au plus grand nombre, associant propos de fond et vulgarisation.
Mutualisation des expériences et des méthodes
L’exemple d’actions déjà menées est un élément essentiel pour se décider à agir. Il serait souhaitable que le collectif élabore, sous forme de fiches synthétiques (25 lignes), une présentation résumée d’actions susceptibles de servir de boîtes à idées pour d’autres actions.
De même, il serait souhaitable d’établir un répertoire de méthodes utilisables pour l’action locale (méthodes d’information, d’animation, de mobilisation)
Formations
Des formations ont été réalisées depuis juin dernier sur le thème « comprendre la réglementation ». Un programme de formation plus complet doit être défini commun avec RECIT dans les prochaines semaines pour l’année 2012.
Accompagnement des initiatives.
Quand les associations veulent agir pour rassembler les associations proches, les sensibiliser à la situation et leur proposer d’agir ensemble (comme par exemple Hêtre à Sainte-Marie-aux-Mines ou Page Ouverte à Nice) elles sont demandeuses d’un appui pour savoir comment développer un tel mouvement. Jusqu’ici, le collectif n’avait pas les moyens de répondre à ces demandes, qui se sont très vite épuisées. Il serait nécessaire de s’organiser pour apporter un accompagnement à ces initiatives.
6. Penser la structuration du Collectif et sa vie associative
Le collectif est une structure informelle, et tous les débats jusqu’ici ont montré qu’il était souhaitable de garder ce caractère informel pour conserver une certaine souplesse. En 2011, le fonctionnement sans moyens, sans permanent et sans budget a trouvé ses limites. L’association PAC (Participation et associations citoyennes) a été créée en transformant l’association « Territoires et participation », qui était dormante mais disposait d’un numéro de SIRET et de formation professionnelle, pour apporter au collectif l’appui matériel nécessaire.
Cependant, certains membres posent la question de la complexité du montage qui apparait comme une usine à gaz. Est-il nécessaire, pour travailler dans la durée de formaliser le Collectif ?
Faute de temps, le débat n’a pas pu être mené. Cependant, il est proposé aux membres de poursuivre le débat à l’occasion d’une prochaine réunion du Collectif.
[1] On suppose que des temps forts successifs de mobilisation, sont plus efficaces qu’une action continue dans la durée.