Catégorie: Lutte contre la financiarisation des associations
LE KLAXON #12 [mars 23]
Petit frère de notre « Heure de la Sirène« , le « Klaxon » viens chaque mois avertir sur les avancées de la marchandisation des associations, des investissements à impact social mais aussi sur les contre-feux proposés par les associations.
Newsletter de notre tout récent Observatoire citoyen de la marchandisation des associations (OCMA), retrouvez les premiers numéros ci dessous.
N’hésitez pas à transmettre vos informations sur le sujet ou à demander votre inscription pour la recevoir auprès de : marianne[arobase]associations-citoyennes.net
Le Klaxon !
Marianne, ne vois-tu rien venir ? Cette feuille vous tiendra régulièrement informés de mes observations, rencontres, actualités autour de la marchandisation et de la financiarisation de l’action associative via les investissements à impact social. Elle devient petit à petit la newsletter de l’observatoire de la marchandisation des associations en accueillant vos textes. N’hésitez pas pas à me faire des suggestions, me signaler vos infos et à enrichir cette lettre par vos contributions, textes, témoignages, réactions…
#12 – Mars 2023
Version PDF du Klaxon #12
L’Observatoire sort son premier rapport
Le 17 février dernier, nous présentions le premier rapport de l’Observatoire citoyen (OCMA), intitulé « Marchandisation et financiarisation des associations ». Vous pouvez retrouver la conférence de presse en ligne et le rapport à télécharger.
Le rapport en quelques lignes
« Nous avons été frappé par des logiques de marché et il nous fallait les comprendre », la phrase de Claire Bizet du Mouvement associatif des Hauts de France peut résumer l’objectif de ce premier rapport. Un autre objectif était de montrer comment ces logiques traversent tous les secteurs associatifs avec, au final, un effet similaire de dépolitisation et de désamorçage de leurs capacités émancipatrices et subversives.
Ces logiques de marchés nous tentons de les décrire en deux temps dans ce rapport. Une première partie s’attache au processus de marchandisation notamment insufflé par la politique européenne qui en créant un marché unique regarde les associations comme des entreprises. En France, cela se traduit par le recul de la subvention au profit des appels d’offre et appels à projets avec pour conséquences la mise en concurrence des associations, le financement par projet, la transformation en prestataire de service, le fusionnement des associations en grand groupe… La montée de la notion d’entrepreneuriat social qui floute les différences entre associations et entreprises en est un autre effet. Elle revendique l’introduction dans les associations des techniques de gestion du privé lucratif présentées comme plus efficaces. … lire la suite dans le pdf.
Moments choisis de la conférence de presse
Comment cette marchandisation et cette financiarisation s’inscrivent dans le champ culturel, de la solidarité internationale ou encore du travail social ? Patricia Coler de l’UFISC (Union fédérale d’intervention des structures culturelles) observe une « invisibilisation du fait associatif » dans le champ professionnel culturel et artistique alors qu’il existe 40 000 associations employeuses. Elle note une « disqualification de ces structures » au travers notamment du rapport Hearn qui, en 2015, mettait en avant la notion d’entrepreneuriat culturel. Ce pendant culturel de l’entrepreneuriat social se présente comme plus performant, plus rentable et « nie la capacité des associations », nie « la dynamique associative qui créée sa propre spécificité économique en articulant questions politiques et économiques, initiative citoyenne et économie vivrière, non-lucrativité et capacité à hybrider un certains nombres de ressources au service de projets qui ont un sens notamment sur la mise en exercice des droits fondamentaux des personnes ».
Céline Méresse du CRID (Centre de Recherche et d’Information pour le Développement) s’interroge sur une « hyper-professionnalisation » des grosses associations qui tend à encourager l’embauche d’ « hyper techniciens » pour répondre aux appels à projet et appels d’offre des bailleurs de fonds. Elle souligne la nécessité d’un regard critique sur ces appels, sur toute la terminologie, désormais intégrée dans les organisations, liée aux techniques de management. Elle regrette le manque d’animateurs politiques qui puissent apporter une analyse systémique de ce que serait un projet de transformation sociale.
Tout comme Maël Pousset du MRJC (Mouvement rural de la jeunesse chrétienne) qui rappelle que les associations embauche désormais des personnes chargées de trouver des fonds et répondre aux appels à projet, Céline Méresse souligne l’importance du temps passé « à gérer des process », à remplir par exemple des « fiches de temps pour justifier le temps passé à calculer les impacts sur les territoires ». « Beaucoup trop de temps est passé à répondre à la contrainte du bailleur », d’autant plus quand les bailleurs « imposent de dévoyer des concepts qui sont pour nous ceux de l’émancipation comme par exemple l’empowerment, l’intersectionnalité ». Ces concepts repris par les bailleurs sont vidés de leur sens politique. « Lorsqu’on a une visée technique à l’endroit de ces concepts, on les vide de ce qui fait leur côté subversif ». « On perd alors notre capacité d’émancipation »… lire la suite dans le pdf.
Soutien à la parentalité marchandisé ?
Le 15 avril 2022, une mission a été confiée par la Direction générale de la cohésion sociale à Anne Raynaud (directrice de l’institut de la parentalité) et Charles Inglès (Caf de la Gironde) pour « définir les compétences socles attendues pour les professionnels et bénévoles » intervenant dans le soutien à la parentalité suscitant la réaction de plusieurs associations nationales qui interviennent depuis longtemps dans ce champ. Un collectif de douze réseaux associatifs (dont l’Acepp, ATD Quart Monde, l’Uniopss, la Fédération des centres sociaux) a rédigé une contribution commune adressée au ministère des Solidarités et à la Direction générale de la cohésion sociale. Il craint « une standardisation des actions proposées aux parents et une possible marchandisation du soutien à la parentalité ». Le texte appuie sur la nécessité d’une diversité de dispositifs et de professionnels. Et s’interroge : « la responsabilité des pouvoirs publics est-elle de définir un socle commun de compétences ou plutôt de veiller à répondre à la pluralité des besoins et des attentes des familles ? ». Les associations mettent en garde : « il faut se garder des illusions technocratiques qui voudraient que l’on puisse harmoniser et standardiser les connaissances et les compétences nécessaires » dans le soutien à la relation humaine entre un parent et son enfant. Cette standardisation, même si elle est officiellement portée dans une volonté de recherche de qualité, « induit mécaniquement un processus d’industrialisation de l’offre qui, paradoxalement, de peut que l’appauvrir », soutien le collectif d’associations qui s’appuie sur les mêmes processus observés dans d’autres champs. En outre, ce processus permet au marché – le secteur du soutien à la parentalité attire de nombreux acteurs du privé lucratif – de mettre « à disposition des produits standardisés prêts à être consommés » qui place le parent en posture de consommateur. Cela « assécherait alors l’implication et les capacités d’auto-organisation des parents » ce qui va totalement à l’encontre du principe même de soutien à la parentalité. « Plutôt que de chercher à substituer un secteur privé lucratif à ce qui existe déjà, ou contribuer à transformer la nature de ce qui est proposé, les politiques publiques ne devraient elles pas envisager d’améliorer la santé du secteur associatif ? »
L’enfant n’est pas une marchandise
Le 8 mars (date symbolique !), quatre salariées du réseau de crèches privées People and baby étaient entendues par la cour de cassation où elles espèrent que justice soit faite, épilogue d’un long combat. En 2006, la crèche associative Giono avait été reprise, tout comme d’autres crèches associatives parisiennes, par l’entreprise privée People and Baby. Créée en 2004, cette dernière compte environ 700 établissements en France ; en 2019 son chiffre d’affaires est de 84,2 millions d’euros. Elle a bien profité de l’ouverture aux crèches privées lucratives du secteur jusqu’alors essentiellement porté par les associations et le secteur public, et de l’octroi d’aides publiques.
Dans l’ancienne crèche Giono, les conditions de travail se dégradent et en 2009, une section syndicale CNT est créée. « La politique managériale de l’entreprise impacte à la fois les projets pédagogiques et la qualité d’accueil des jeunes enfants », souligne la CNT. Les salariées se mobilisent et se mettent en grève. Cette mobilisation n’est pas du goût de l’entreprise qui, en 2010, licencie quatre salariées mobilisées entrainant une série de manifestations, pétitions, occupation de la crèche… Les salariées passent au Prud’hommes en 2017 qui condamne People and baby pour discrimination syndicale et annule les licenciements. En 2018, les indemnités de réparation sont versées mais l’entreprise fait appel et la cour d’appel annule le jugement des prud’hommes et oblige les salariées à reverser leurs indemnités… lire la suite dans le pdf.
Retrouvez toutes nos infos sur notre site dédié (en développement)avec les anciens numéros du Klaxon et sur ce site le fil d’actu du CAC sur la marchandisation du monde associatif .
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#11 – Février 2023
Version PDF du Klaxon #11
Appel à contributions
Marchandisation, financiarisation, comment cela résonne dans vos pratiques au quotidien ? Comment analysez vous ces deux phénomènes vus de votre association ? Quelle expérience de ces deux processus pouvez-vous nous partager ? Nous voulons ouvrir les colonnes du Klaxon et une partie dédiée du site de l’observatoire à vos témoignages, analyses, propositions de texte… Envoyez-les nous à marianne@associations-citoyennes.net
La mesure au Sommet
L’Assemblée nationale, sa présidente, cinq ministres et secrétaires d’Etat, des anciens ministres, 3000 personnes inscrites pour 350 places… en termes de démonstration de force, le Groupe SOS frappe fort. Son Sommet de la mesure d’impact, le 13 février à Paris, avec son slogan « pour bâtir un new deal de l’impact », veulent convaincre que le « capitalisme à impact » est la bonne solution pour résoudre les maux du monde.
L’impact Tank du groupe SOS avec des alliés comme par exemple la banque JP Morgan (championne du monde de l’investissement carbone selon le rapport Banking on climate chaos) ou BNP Paribas (classée par le rapport Oxfam comme l’une des plus polluantes) nous assurent qu’ils ont « la solution » face aux enjeux écologiques et sociaux avec un outil financier : l’investissement à impact construit sur la mesure d’impact. La technologie financière va sauver le monde…
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L’impact genré vu du Canada
Nos amis canadiens sont largement « en avance » sur nous sur la question de l’investissement à impact social. Il semble, chez eux, bien plus encore que chez nous, faire partie du paysage associatif. Et ils développent un nouveau type d’investissement : l’investissement à impact genré. Il représenterait en 2019, 5 milliards de dollars sur 715 milliards de dollars du marché mondial de l’investissement à impact. Kesako ? Lire la suite dans le PDF
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#10 – Janvier 2023
Version PDF du Klaxon #10
Sortie du premier rapport de l’observatoire
« L’association marchandisée », sera le titre du premier rapport de l’Observatoire citoyen de la marchandisation des associations (OCMA). Il sortira le 17 février prochain et nous vous invitons ce jour-là à sa présentation à 11h dans les locaux du Collectif des associations citoyennes (108 rue Saint-Maur, Paris 11). Nous avons ouvert les colonnes de la postface de ce rapport à quelques textes de réflexion et, avant la sortie du rapport, nous vous présentons (en avant-première !) le texte de Jean-Michel Lucas, membre fondateur du laboratoire de transition vers les droits culturels. Il nous donne à voir le contrat à impact social au prisme des droits humains fondamentaux.
[Infos et détails pour la présentation officielle le 17/02 ICI]
Le contrat à impact social : erreur et faute
Par Jean-Michel Lucas[1]
Les Contrats à impact social (CIS) sont une « bonne » idée, en tout cas pour des gestionnaires de fonds publics dont la seule préoccupation est de dépenser « efficacement » l’argent du contribuable. Rappelons l’argument dans sa simplicité : lorsque le responsable public est confronté à une situation sociale qu’il ne sait pas régler avec ses méthodes habituelles, il lui faut innover. Or, il n’est pas facile de mobiliser de l’argent public pour engager des actions nouvelles dont on ne sait pas vraiment si elles résoudront le problème. Le gestionnaire serait vite accusé de gaspiller l’argent du contribuable si l’action était sans efficacité. …
[1] Membre fondateur du laboratoire de transition vers les droits culturels
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#9 – Décembre 2022
Version PDF du Klaxon #9
Un nouveau contrat à impact dans le Nord ?
Le département du Nord s’apprête à lancer un contrat à impact social (CIS). Le 21 novembre dernier, ce projet était débattu lors d’une session du conseil départemental. La banque BNP Paribas, déjà présente sur une grande partie des contrats à impact actuellement en cours de structuration ou de mise en œuvre en France, investira 5,1 millions d’euros dans un projet de trois ans porté par l’association Positiv Planet. Cette association, lancée par l’économiste Jacques Attali, devra réaliser une étude sur les 6 500 autoentrepreneurs actuellement au RSA pour évaluer si leur projet est viable ou non. Elle accompagnera également 1000 autoentrepreneurs ou allocataires du RSA vers la création d’une entreprise pour qu’ils sortent du RSA.
Lors de la délibération du projet, les élus écologiques du département ont dénoncé une « logique de financiarisation et de libéralisation du financement de l’action sociale ». Ils se sont appuyés sur un avis rendu en 2016 par le Haut conseil à la vie associative (HCVA) lors du lancement de ces contrats en France. Il pointait « les coûts de gestion importants de ces dispositifs ». « Jusqu’à ce jour, les investissements à impact social ont constitué des instruments coûteux. Ils ont comporté des coûts de transaction significatifs que les parties prenantes doivent prendre en considération avant de se lancer […] Il n’est pas évident que ces montages complexes qui visent à organiser autrement le financement de projets se révèlent profitables au final pour la collectivité »…lire la suite sur cette page
L’investissement à impact social
Lors du lancement de l’observatoire citoyen de la marchandisation, le socio-économiste, Sylvain Celle explique cette notion. « L’investissement à impact social est le principal cheval de Troie de la marchandisation du secteur associatif. La notion de mesure d’impact social tend depuis quelques années à remplacer l’ancienne catégorie d’utilité sociale utilisée par les associations et les pouvoirs publics depuis les années 80. Ce passage du terme d’utilité sociale vers la notion de mesure d’impact social n’est ni neutre, ni anodin.
L’investissement à impact social et la mesure d’impact social ont été largement promus par deux acteurs : d’un côté par les pouvoirs publics qui sous l’impulsion du New public management sont poussés à agir et penser comme des entreprises privées donc vont utiliser le langage de l’investissement, de l’évaluation, etc… De l’autre côté, il y a des acteurs financiers comme des banques et des fonds de pension qui cherchent aujourd’hui à réorienter leurs investissements vers le social, devenu un nouveau secteur lucratif.
…..lire la suite sur cette page
Intervention de Sylvain Celle, socio-économiste, lors du lancement de l’Observatoire à la fête de l’Huma le 11 septembre 2022.
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Marlène Schiappa signe son premier CIS
Le 8 décembre, la secrétaire d’État chargée de l’économie sociale, solidaire et de la vie associative, a signé son premier contrat à impact social (CIS) avec Envie économie, réseau d’insertion par l’activité économique, qui propose de collecter, réparer, reconditionner des appareils médicaux (type fauteuils roulants, lits médicalisés…) puis de les revendre à moins 70%, 50% de son prix neuf. Ce projet entrait dans l’appel à projet sur les CIS lancé par l’Ademe en 2020. Envie autonomie avait déjà signé un protocole d’engagement en mars 2022. Ce CIS doit lui permettre de « changer d’échelle » pour passer au niveau national (voir Klaxon n°2). Pour cela, il obtient 4,9 millions d’euros pour 5 ans. Ses indicateurs sont posés : créer 204 emplois dont 95 en parcours d’insertion ; éviter l’émission de près de 14 000 tonnes de CO2 en reconditionnant du matériel ; recycler 4083 tonnes de matériel. Les investisseurs sont BNP Paribas, Asset Management, la Banque des territoires, le groupe Relyens, Esfin Gestion, Inco Invest, AG2R la Mondiale. Ce CIS sera évalué par le cabinet Citizing.
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Le Groupe SOS et ses mille cafés
Le programme « 1000 cafés » lancé par le groupe SOS proposait de « réinventer le café du village » en accompagnant des projets de réouverture de commerces de proximité sous forme de cafés multiservices. Le programme est financé par des fonds propres au groupe SOS, des entreprises privées (comme par exemple Pernod Ricard, Kronenbourg, Coca-Cola, LeBonCoin, Veolia, le PMU, la Maif et la Sacem). L’Etat finance également via l’agence nationale de la cohésion des territoires.
Le programme doit mettre en lien des mairies volontaires qui proposent un local, loué ou racheté par le groupe SOS. Ce dernier finance un salarié sur la base du smic pour tenir le commerce. « Le projet « 1 000 cafés » commence par de belles promesses avec la visite du délégué régional de SOS pour se faire une idée du village, vérifier le bâtiment commercial, l’état du matériel, le logement… Puis les négociations s’ouvrent sur le prix d’achat ou de location du site, sur les travaux et sur la rémunération. Les élus découvrent aussi rapidement qu’ils n’ont pas toute la maîtrise du projet. A La Dornac, le maire a appris après leur recrutement que les futurs gérants de La Table des saveurs n’avaient aucune formation cuisine. Ce qui a provoqué de houleux débats entre les élus locaux », soulignait en 2020 un article du Monde sur ce programme. Il s’interrogeait sur le fait que la « SAS « 1 000 cafés », signataire de tous les contrats de gérance, tisse ainsi un nouveau réseau de commerces avec licence IV, avec ses fournisseurs et les salariés d’une structure dont l’associé unique est « 1 000 cafés ». Le Groupe SOS joue le rôle d’administrateur et de centrale d’achat »….lire la suite sur cette page
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CONTREPOINTS
En vue, le premier rapport de l’observatoire
L’observatoire citoyen de la marchandisation des associations prépare son premier rapport qui devrait sortir en début d’année prochaine. Conçu en deux parties, la première visera à décrire le processus de marchandisation, sa définition, son histoire. Si les conséquences de cette marchandisation sont grandes pour les associations directement concernées par les appels à projet, les marchés publics ou l’arrivée dans leur secteur d’acteurs du privé lucratifs, elles touchent également tout le champ associatif par des injonctions à la performance et à des logiques de concurrence, en floutant les frontières entre entreprise et association.
Une deuxième partie du rapport plongera dans le processus de financiarisation marqué par l’arrivée de la notion d’investissement à impact qui prône que désormais il est possible de « faire le bien et du profit ». Le contrat à impact social reste l’un des principaux outils de cette nouvelle finance… lire la suite sur cette page
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À lire, À voir
* Une grande enquête sur les fonds dits « durables » menée par une dizaine de médias européens -dont le Monde- a décortiqué le contenu de 838 d’entre eux. Ces fonds promettent des placements qui allient impact écologique positif et retour sur investissement confortable (cela ne vous rappelle rien ?). Ces placements attirent les foules (riches) et ces dernières années, ces produits « verts » ont explosé. L’enquête dévoile que ces placements, non seulement restent très éloignés du vert, mais financent même parfois des entreprises très polluantes.
* Dans une tribune publiée par Le Monde le 27 novembre, Jean-Louis Laville complète la réflexion portée par l’enquête ci-dessus. Selon lui, « la collusion entre élites économiques et politiques entretient l’inaction face aux dérèglements climatiques ». Les faits viennent sans cesse contredire le « récit d’entreprises qui seraient devenues conscientes des risques globaux ».
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#8 – novembre 2022
La mesure de l’impact, un mythe ?
Texte issu de l’intervention de Thibault Guyon, docteur en sciences économiques, chargé de recherche et transfert à l’institut Godin lors de la réunion de l’Observatoire du 27 octobre 2022.
A partir de 2014, l’Institut Godin est interpellé sur cette notion de mesure d’impact social, il observe son importance grandissante dans le champ associatif et cherche à saisir la notion, comprendre d’où elle vient. Or, l’institut ne parvient pas à revenir aux sources du concept, d’où vient-il ?
Il étudie alors toute une littérature grise, des manuels, rapports, guides qui traitent de la mesure de l’impact social et retrouve avec perplexité toujours les mêmes notions, les mêmes mots pour définir la mesure d’impact social. Il observe que les rapports se citent entre eux sans retrouver la racine d’une définition de cette mesure d’impact. Il retrouve également une définition qui passe par la notion de théorie du changement, une gestion axée sur les résultats, avec l’idée que la mesure de l’impact social repose sur un lien
causal entre les ressources et les impacts.
L’idée, là encore source de perplexité, est qu’il est possible de repérer les liens causaux entre ces différentes catégories jusqu’à l’impact qui vise à objectiver les effets uniquement imputables à cette organisation. « Or, en tant que chercheur, nous savons comme il est difficile de trouver des liens de causalité, les expliquer puis les prouver. Pourtant, dans ce cadre, il est présenté comme simple et possible à une échelle organisationnelle d’isoler des impacts. Cela nous a interpellé et laissé perplexe », témoigne Thibault Guyon de l’institut Godin.
Processus de laboratoire
Dans cette littérature grise, les travaux de l’économiste Esther Duflo sont souvent cités. Elle a remis au goût du jour les méthodes d’expérimentations aléatoires en les appliquant à la lutte contre la pauvreté. Ces expérimentations tentent de répondre à la question : qu’est-ce qu’il se serait passé si aucun traitement n’avait été administré, aucun programme mis en place ?
….. lire la suite sur ce site dédié où tous les klaxons sont téléchargeables
Sortie du 1er rapport de l’observatoire de la marchandisation des assos
Sortie du 1er rapport de l’observatoire citoyen de la marchandisation des associations
Présentation vendredi 17 février 2023 à 11h – 75011 Paris
« Marchandisation et financiarisation des associations », titre le premier rapport de l’Observatoire citoyen de la marchandisation des associations (OCMA). Cet observatoire, impulsé par le Collectif des associations citoyennes, porté par une quinzaine d’associations et de réseaux et une dizaine de chercheuses/chercheurs, a été créé le 11 septembre dernier.
Son premier rapport vise à étayer un constat : les associations sont de plus en plus poussées vers le marché.
Appels d’offre, appels à projet, brident l’initiative associative. L’arrivée depuis les années 2010 de la notion d’investissement à impact social transforme l’association en produit d’investissement financier.
L’entrée dans l’économie sociale et solidaire des entrepreneurs sociaux détourne cette économie de sa capacité à porter une critique du système économique néolibéral, à sortir d’un modèle de croissance qui nous met en péril face aux enjeux écologiques et sociaux.
Au-delà de ce constat, la volonté de l’observatoire est de pousser plus loin son décryptage en ouvrant un espace de croisement entre acteurs associatifs et chercheurs/chercheuses pour penser la place des initiatives citoyennes et renforcer leur capacité à proposer des alternatives, dans ce contexte.
La présentation de ce premier rapport s’est déroulée le vendredi 17 février 2023 à 11h dans les locaux de Peuple et Culture, Paris 11.
Et si vous n’avez pu vous joindre à nous et recevoir le rapport en main propre, voici la
Version PDF du rapport ICI
Campagne de don pour la parution du rapport sur la marchandisation des assos
Campagne de don pour la parution du 1er rapport de l’observatoire citoyen de la marchandisation des associations
Soutenez le CAC pour lutter contre la marchandisation des associations !
Ce soutien est spécifiquement dédié à publier et diffuser largement le 1er rapport de l’observatoire de la marchandisation (OCMA) qui sortira « officiellement » le 17 février 2023.
Car si la première étape de recherche, analyse, construction puis rédaction du rapport appartient aux travaux de 2022 (et bien avant), la mise en page puis la publication, notamment papier, pour DIFFUSER largement et faire connaitre cet outil est cruciale et nécessaire en 2023. Plus il sera lu, plus les personnes, militant.es, associations, élu.es… seront alerté.es et arm.eés pour résister et proposer des alternatives.
Futur Parfait et marchandisation [nov à la Générale]
Du 10 au 13 novembre 2022, avait lieu la troisième édition du festival Futur Parfait, mettant à l’honneur le travail d’artistes accueilli.es en résidence à La Générale (75014 Paris).
Au programme (éclectique) de ces 4 jours festifs : expos, tables rondes, concerts & DJset, projections, ateliers, lecture, performance, marché créatif.
Le CAC est intervenue à la Table ronde sur la marchandisation du secteur associatif (du dimanche 13 nov) avec Marianne Langlet, journaliste et chargée de mission au Collectif des Associations Citoyennes, le collectif La Générale et des acteurs associatifs du 14e arrondissement.
Retrouvez le podcast de la table ronde ICI sur ce site de radio P-note (4ème enregistrement).
Lancement réussi pour l’observatoire contre la marchandisation [sept 22]
Ce 10 septembre, elles et ils ont été nombreux.ses à braver la pluie et la boue de la fête de l’Huma pour assister au lancement de l’Observatoire citoyen de la marchandisation des associations (OCMA). A la tribune, cinq associations ou réseaux étaient présents : le mouvement rural pour une jeunesse chrétienne (MRJC), la maison commune de la décroissance (MCD), le mouvement pour une économie solidaire (MES), le Collectif 21 venu de Belgique, le Collectif des associations citoyennes (CAC), tous membres fondateurs de l’Observatoire, certain.es autres étaient dans le public comme le Collectif pour une éthique en travail
social, l’Association nationale des assistants de service social (ANAS), le Collectif avenir éduc… Sylvain Celle, socio-économiste, représentait le conseil scientifique de l’Observatoire qui compte aujourd’hui une dizaine de chercheurs et chercheuses. La totalité du débat, le communiqué de presse, les articles en lien avec ce lancement sont à retrouver ci-dessous.
Communiqué de presse du 7 septembre 2022
L’association est de plus en plus poussée vers le marché. Les financements publics comme privés intègrent les logiques appliquées aux entreprises : management tourné vers la performance, appels d’offre, commande publique, paiement aux résultats, investissements à impact… tout un écosystème floute désormais les différences entre l’association non-lucrative et les acteurs privés.
Le marché intègre de plus en plus de secteurs longtemps préservés des logiques marchandes. Des acteurs privés entrent en concurrence avec des associations quand ils ne phagocytent pas entièrement les nombreuses idées du monde associatif en les reprenant sous forme d’entreprise à mission voire d’entreprise à impact.
Face à ce phénomène, une quinzaine d’associations lance, à l’occasion de la fête de l’Huma le 10 septembre, un observatoire citoyen de la marchandisation des associations. Le lancement aura lieu à 13h dans le village « territoires solidaires ».
L’objectif : décrypter ces processus pour mieux les dénoncer et les contrer. Cet observatoire s’appuie sur un conseil scientifique pour croiser les regards des acteurs associatifs et des chercheurs et construire ensemble des savoirs pour outiller le monde associatif.
Concrètement, l’observatoire propose :